Et puis, cette jeunesse d’aujourd’hui ?! – Qu’est-ce que ça pouvait m’énerver au lycée quand on me disait ça ! Mais comment se fait-il qu’aujourd’hui, tant de nouvelles personnes âgées aient exactement les mêmes phrases sur le bout de la langue ?
En tant que jeune, on se construit des références et un cadre dans lequel on évolue, on apprend à distinguer les bons éléments des mauvais. Avec un peu de chance, on peut alors choisir la bonne voie.
Ce cadre, on ne met pas seulement des années à le construire, mais on accepte aussi pendant longtemps qu’il est le seul valable. Il est donc naturellement difficile d’imaginer qu’il puisse exister une autre manière de voir les choses.
Cela dépend aussi de l’éducation reçue dans son environnement, et peu importe que celle-ci soit formelle ou non-formelle. C’est à travers une éducation solide – à l’école ET à la maison – qu’on peut, en plus de son propre cadre, acquérir la flexibilité nécessaire pour accepter d’autres visions du monde et, qui sait, peut-être même s’adapter encore une fois une fois adulte.
Dans le cadre de mon travail, j’essaie toujours de proposer un mélange entre le développement d’un cadre positif, beaucoup de soutien et une bonne dose d’auto-questionnement.
Grâce à ma propre expérience de vie et à mon éducation, j’ai compris que responsabiliser et accompagner sont deux éléments essentiels pour offrir une bonne base aux jeunes. C’est pourquoi, par exemple, chez nous, une condition essentielle est de ne pas faire le travail à la place du jeune, mais de lui apprendre à le faire lui-même. Parfois, je suis même connu pour être un peu plus strict. Mais cette rigueur, cette exigence, signifie-t-elle que je ne comprends pas moi-même ce que je viens de dire ?
Ce que je trouve encore plus regrettable, c’est que certains jeunes sont envoyés dans le monde sans le soutien nécessaire et doivent se débrouiller seuls.
Responsabiliser va bien sûr de pair avec la responsabilité, les limites et la conséquence. Et oui, j’applique des conséquences à chaque fois, car c’est ainsi que je fonctionne aussi pour moi-même. Mais comme je l’ai dit, il est tout aussi essentiel de ne pas abandonner le jeune, mais de l’aider à se construire et à se développer pour pouvoir évoluer avec flexibilité dans la vie.
À quel moment donne-t-on trop de responsabilités aux jeunes ? Que penser des burnouts dont tant de jeunes souffrent déjà si tôt aujourd’hui ? Selon moi, c’est une conséquence directe d’un déséquilibre entre responsabilité et soutien.
Mais qui suis-je, après tout, pour dire comment il faudrait éduquer les jeunes ? Chaque cas est unique, et il n’y a pas de méthode parfaite pour transformer des jeunes en “bons” adultes. Mais sans la volonté d’investir du temps, de la patience et aussi des ressources matérielles, il est sûrement difficile pour un jeune de trouver seul son chemin et son cadre !